Interview alumni : Marion BILLARD, vérificatrice pour la DGFIP

Interview alumni : Marion BILLARD, vérificatrice pour la DGFIP

Découvrez le parcours inspirant de Marion, vérificatrice pour la DGFIP. De ses débuts en droit public à sa passion pour la fiscalité, elle nous dévoile les coulisses de son métier et l'importance de ne jamais se limiter soi-même. Une leçon de persévérance et d'adaptabilité ! 

Marion, pourriez-vous nous décrire les principales responsabilités associées à votre fonction de vérificatrice pour la DGFIP ?

Mon rôle en tant que vérificatrice pour la DGFIP est de contrôler la conformité entre des éléments portés dans les déclarations souscrites par les contribuables (particuliers ou professionnels, notamment les entreprises) et la réalité constatée dans leur comptabilité, appuyés de divers documents justificatifs.

Cette mission a une triple finalité : dissuasive, budgétaire et répressive. L'objectif est d'assurer une équité entre les entreprises, pour éviter les distorsions de concurrence entre celles qui respectent leurs obligations et celles qui ne le font pas, avec aussi des objectifs parfois dissuasifs et même budgétaires.

Pourriez-vous nous détailler le déroulement habituel de votre semaine ?

Au cours d’une semaine typique, j'ai en moyenne trois rendez-vous au sein des entreprises que je contrôle, qui peuvent s'étendre sur une demi-journée ou une journée entière. Ces rendez-vous sont notamment l'occasion d'interagir avec les contribuables et, le cas échéant, leurs conseils (DAF, expert-comptable, avocat…), sur les points contrôlés.

Le reste de mon temps est consacré à la préparation des différentes pièces de procédure. Cela peut concerner les dossiers en cours, les dossiers à venir ou encore les dossiers précédents pour lesquels je peux être amenée à assumer le contentieux (« SAV »).

Par ailleurs, une part importante de mon travail est dédiée à la veille juridique. Chaque dossier est différent, et fait appel à des connaissances variées. Il est essentiel de s’assurer de la maîtrise des dispositions réglementaires spécifiques à chaque régime d’imposition et à chaque activité, y compris le cas échéant en distinguant la position de l’Administration (par sa doctrine) et celle des juges (actualité jurisprudentielle) sur des notions sujettes à interprétation. Les normes comptables sont également différentes selon les activités, il est donc essentiel de les connaître afin de comprendre les modes de comptabilisation des opérations réalisées par les entreprises et que nous allons contrôler.

En résumé, ma semaine type se compose de rendez-vous, de veille juridique et de rédaction de pièces de procédure.

Selon vous, quelles sont les compétences essentielles pour exercer votre profession ?

Lorsque j'ai débuté dans ce métier, on m'a indiqué que l'humilité était la première qualité à présenter. En effet, même si nous devons avoir des connaissances solides dans la plupart des domaines de par notre polyvalence, il est crucial d’avoir toujours à l’esprit que nous ne disposons pas chaque fois de connaissances universelles (notamment face à des cas particuliers) et que, comme tout un chacun, nous restons sujets aux erreurs d’interprétation. De même, il reste important de ne pas présumer que tous nos interlocuteurs sont nécessairement mal intentionnés ou qu’ils ont commis des erreurs délibérées. L'humilité reste donc essentielle, non seulement pour isoler nos propres limites du moment et continuer à progresser, mais aussi pour aborder chaque nouveau contrôle avec une perspective équilibrée, afin d’instaurer un échange serein et constructif avec nos différents interlocuteurs.

D’autre part, la rigueur est une compétence indispensable. Nous sommes constamment confrontés à des procédures complexes qui prennent du temps et qui nécessitent une organisation méticuleuse. Nous sommes responsables de chaque procédure que nous engageons, et une erreur peut avoir des conséquences significatives. Il est donc essentiel d'être organisé et de gérer efficacement son temps.

Enfin, la curiosité est une autre qualité primordiale. Étant donné la diversité des personnes et des activités que nous rencontrons, il est crucial de poser des questions pour appréhender pleinement chaque situation. Cette curiosité est généralement bien perçue par nos interlocuteurs, car elle démontre notre volonté de comprendre avec justesse la nature des activités exercées et le cas échéant, des problématiques rencontrées par chaque entreprise.

Qu'est-ce qui vous passionne le plus dans votre profession ?

Ce qui me plaît le plus, c'est la diversité et la nouveauté, constantes de chaque affaire. Chaque mission que j'entreprends est différente de la précédente. Cette variété est un challenge constant d’adaptation, qui permet d'éviter la monotonie du travail de bureau.

J'apprécie particulièrement les déplacements fréquents, qui me donnent l'opportunité de découvrir des activités et des domaines inconnus. Bien que nous soyons tous issus de milieux différents et que nous ayons des expériences variées, il n’est pas possible d'avoir a priori une connaissance exhaustive de tous les secteurs d’activité. Ainsi, avoir accès à ces nouvelles connaissances et ces découvertes enrichit considérablement mon expérience professionnelle quotidienne.

Quel est, selon vous, le défi le plus significatif que vous devez relever dans votre profession ?

Le principal défi réside dans la capacité à maintenir l'enthousiasme et la passion pour chaque mission, tout en s'assurant de ne pas s'appuyer de manière excessive sur les connaissances antérieures. Bien que nous ayons de bonnes bases juridiques et, par l’expérience, de bonnes représentations des activités exercées, chaque nouveau dossier représente un challenge unique, car il nécessite de repartir de zéro.

L’objectif à chaque fois est de parvenir à remettre en question mes acquis antérieurs (pour les conforter ou les compléter), à écouter activement pour établir une relation constructive avec le contribuable en face de moi, pour tirer en définitive les conséquences les plus justes, au double sens d’exactes et d’équitables. Il est essentiel de comprendre pleinement chaque activité et d'appliquer les règles fiscales de manière appropriée dans le temps imparti par chaque procédure.

Par ailleurs, il est également important de ne pas se précipiter, malgré les contraintes liées aux durées limitées des contrôles, afin que ni la qualité du travail à produire, ni la qualité des échanges avec nos interlocuteurs n’en pâtissent.

En fin de compte, le véritable enjeu est de déterminer si nos efforts et notre approche auront un impact tangible, en particulier face à des entités qui peuvent être réticentes à se conformer aux réglementations en vigueur. Nous aspirons tous à prendre des décisions éclairées et à contribuer positivement à l'évolution du secteur.


Quel conseil donneriez-vous à ceux qui souhaitent emprunter la même voie professionnelle que vous ?

Le conseil le plus précieux que je puisse proposer, basé sur mon expérience personnelle, est de ne jamais se mettre soi-même des limites, ne pas s’empêcher d’essayer ce qui nous attire. Il est essentiel de ne pas « être son propre juge ». C’est le rôle des examinateurs ou des recruteurs. Il faut être capable d’entendre les conseils qui nous sont présentés, en gardant à l’esprit que ce ne sont que des conseils, sans se laisser influencer par les perceptions des autres.

Par exemple, la note qu’on obtient à un examen ou un concours n'est qu'une mesure ponctuelle de notre capacité de restitution à un moment donné. Qu’elle soit bonne ou mauvaise (d’ailleurs !), elle ne reflète en rien notre potentiel réel, qui lui peut évoluer si on reste dans une logique de progression. J'en suis une illustration : malgré des notes très basses en droit fiscal et en comptabilité lors de mes études, je me suis épanouie par la suite dans un métier où les connaissances dans ces domaines sont nécessaires (en m’améliorant bien sur !).

De plus, il est crucial de garder à l’esprit que nos choix d’études ou de carrière ne sont pas définitifs. Nous avons toujours la possibilité de nous réorienter tout au long de notre parcours personnel et professionnel, tous les acquis sont utiles pour la suite. Pour illustrer cela, j’ai démarré ma licence en droit public avant de me réorienter vers le droit privé. Aujourd’hui, mon travail consiste à tirer des conséquences fiscales de diverses situations de fait qu’il faut qualifier juridiquement, mêlant ainsi des notions de droit public et de droit privé, de droit civil, commercial et même social.

Il faut savoir aussi que les recruteurs publics comme la DGFIP offrent un socle de formation solide qui permet d’acquérir les compétences nécessaires à l’exercice des missions ; et de changer de missions en cours de carrière. En somme, il est essentiel de rester ouvert aux différentes possibilités et surtout de croire en son potentiel. 

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