Interview alumni : Lorène NAVET, manager de commerce

Interview alumni : Lorène NAVET, manager de commerce

Véritablement investie dans le service public et dans l’accompagnement des entreprises, Lorène Navet a construit son parcours à force d’expériences et de patience pour trouver sa place et être pleinement épanouie dans son travail. Diplômée en master 2 Droit et Contentieux de l'entreprise, Lorène nous dévoile son parcours et ce qui se cache derrière le métier de manager de commerce.

En quoi consiste votre métier ?

J’ai deux métiers. Mon métier principal est manager de commerce pour la ville de Chambéry et je suis aussi vacataire à l’université de Chambéry. Je suis chargée de travaux dirigés au sein de la faculté de droit.

En tant que manager de commerce, j’ai été recrutée par la ville dans le cadre du dispositif « Action Cœur de Ville ». Mon rôle est d’accompagner les commerçants et les porteurs de projet dans leur développement, tout en suivant une stratégie commerciale. Je m’occupe aussi de toutes les actions qui visent à dynamiser le centre-ville de Chambéry et plus généralement les quartiers commerçants, sur le plan économique. Par exemple, j’ai suivi l’implantation des commerces tels que Décathlon et Søstrene Grene en centre-ville.

Aujourd’hui, le métier de manager de commerce est encore méconnu, mais c’est à la fois un domaine qui a des besoins en recrutement.

La crise du COVID a permis de le mettre en exergue. L’économie était à l’arrêt, et nous nous sommes demandé : “Y a-t-il des personnes dans les villes qui connaissent suffisamment les commerçants pour être à leurs côtés ?”. Et dès fin 2020, des villes se sont rendu compte qu’il y avait un trou dans la raquette et qu’il fallait recruter des personnes dont le métier est d’accompagner les commerçants.

Comment s’organise votre travail ?

Mon poste est basé sur la polyvalence. J’ai plusieurs missions qui passent par accueillir des porteurs de projet, aller sur le terrain pour échanger avec les commerçants et prendre le pouls économique. J’essaie d’aller me poser, ne serait-ce qu'une demi-heure, dans un café pour observer et écouter ce que disent les clients. En ce moment, je travaille aussi sur le marché public du marché de Noël et sur l’observatoire du commerce. Je contribue à la stratégie commerciale en lien avec la directrice de l’action cœur de ville.

Je n’ai pas de journée type, mes missions sont rythmées selon les périodes de l’année. La période la plus chargée est de septembre à décembre. C’est à ce moment que les grands rendez-vous professionnels se présentent. L’automne est toujours une période où nous recevons de nombreux porteurs de projets qui espèrent démarrer leur activité en janvier. La période des festivités de fin d’année est une période-clé pour les commerçants et cela nécessite un gros travail en amont notamment avec le marché de Noël qui est délégué à un prestataire mais dont nous assurons le lien avec l’ensemble des services concernés.

Selon vous, quelles sont les qualités à avoir ?

Il faut aimer l’humain avant tout. Il y a beaucoup de relationnel. Il faut savoir être un caméléon et avoir cette capacité d’adaptation pour échanger à la fois avec un commerçant, avec un prospect, mais aussi avec un élu. C’est un métier où il faut aimer le travail partenarial aussi bien avec l’union des commerçants que les institutionnels (la CCI, la CMA …) et les autres collectivités (Grand Chambéry, Chambéry Grand Lac Economie …) ainsi que tous les acteurs gravitant autour du développement économique (agents immobiliers, association d’accompagnement à la création d’entreprise …).

Il faut aussi être curieux et se dire que jamais rien n’est acquis. Personnellement, ma boîte à outils s'enrichit depuis toutes ces années et c’est ce qui est passionnant.

 

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?

J’aime cette notion de service public. Mon travail rend un service à la collectivité et aux usagers. J’aime aussi apprendre constamment de nouvelles choses, travailler sur le terrain et être au contact de plein de personnes.  J'adore mon métier, je ne ferais rien d’autre, j’ai vraiment trouvé ce qui me correspond.

Quel est le plus grand challenge que vous rencontrez ?

C’est d’être en équilibre entre mes différentes missions. J’ai l'impression d’être un funambule. Lorsque j’implante des commerces, il y a un juste équilibre à trouver entre les enseignes nationales et les commerces indépendants qui font aussi toutes la force du centre-ville. C’est un équilibre entre la vie pro et la vie perso, parce que c’est un métier très prenant. Je pourrais travailler tous les jours de l'année, il y aurait toujours du travail. L’équilibre est le plus gros challenge à mon sens. 

Quelles formations avez-vous suivi pour atteindre ce poste ?

Sur le papier, on ne comprend pas très bien le lien entre mon cursus universitaire de base et mon métier actuel. Mais ça s’explique, et c’est pour ça que je suis volontaire pour partager mon expérience aujourd’hui. 

J’ai commencé avec un DUT carrière juridique à Grenoble. Vous allez rire, mais je dormais littéralement en droit des sociétés. J’avais dit à mon professeur que je ne serais jamais juriste dans ce domaine. Déjà à cette époque, je me disais que je voulais travailler dans l’administration. Ensuite, j’ai intégré la fac de Chambéry en deuxième année. Et je me suis finalement dit que le droit privé était très intéressant et que le droit des entreprises ce n’était pas si mal.

Au final, c’est une rencontre à la fin de troisième année qui a été déterminante. J’ai travaillé deux mois chez Maître Clanet, un mandataire judiciaire. Cette expérience a marqué un tournant, j’ai découvert le monde des entreprises en difficulté. C’était très technique. J’ai adoré, si bien que j’ai totalement changé mes plans et je suis entrée en master 1 et en master 2 en droit de l’entreprise.

 

Comment avez-vous construit votre carrière ? 

Après mes études, j’ai rapidement obtenu mon premier job au sein du Crédit Agricole des Savoie, au service contentieux des entreprises. J’ai eu Philippe Valero en tant que chef de service et je lui serai toujours reconnaissante de m’avoir appris le métier. Il a été très exigeant mais avec beaucoup de bienveillance et de pédagogie. Je devais y rester un mois, j’y suis restée un an.

Au bout d’un an, à voir le côté sombre du monde de l’entreprise, j’ai eu une grosse remise en question. Je me suis demandée pourquoi j'avais fait mes études de droit. Mon rêve était d’accompagner des chefs d’entreprise dans le processus de création. Au départ, j’ai développé mes relations professionnelles non pas pour trouver du travail, mais pour rencontrer du monde. Ces rencontres m’ont permis de découvrir des métiers dans le monde du développement économique que je ne connaissais pas. Grâce à ce réseau, j’ai décroché mon premier poste de chargée de mission, création et reprise d'entreprise à Albertville. En même temps, un poste s’ouvrait au Crédit Agricole, j’ai postulé. Mon ancien chef m’a dit que cela ne me rendrait pas service s’il m’embauchait et que ma place n’était pas au contentieux, mais auprès des chefs d’entreprises dans l’accompagnement à la création de leur structure. Je ne le remercierai jamais assez pour ça.

À partir de ces expériences, tout s'est naturellement enchaîné au sein de différentes entreprises.  Je suis partie travailler pour la mairie de Bourgoin-Jallieu pendant quatre ans et demi. J’ai passé le concours de la fonction publique en 2019-2020, que j’ai réussi et j’ai été titularisée sur mon poste. Ce n'était absolument pas prévu au départ que je devienne fonctionnaire territoriale. Et finalement, durant l’été 2021, j’ai ressenti le besoin de revenir sur Chambéry. Le poste de manager de commerce s’est ouvert à Chambéry et je suis arrivée en poste en janvier 2022.

Pourquoi avoir choisi l'Université Savoie Mont Blanc ?

J’ai toujours voulu rester à Chambéry et travailler pour mon territoire. C’était aussi une opportunité de développer mon réseau sur place.

J’ai bien entendu tenté de m’installer ailleurs. Je suis partie pendant trois semaines sur Lyon mais je suis revenue. L’Université Savoie Mont Blanc offrait de très bonnes formations. Elle était à taille humaine ce qui permettait une bonne relation avec les intervenants. Ils étaient super et accessibles. Cependant, il y avait une certaine exigence, il fallait se donner les moyens pour réussir.

 

Qu’est-ce que l’université vous a apporté en plus de la formation ?

J’ai eu la chance de me faire de très bons amis pendant ces années d’études. En master 2,  l’objectif était de finir tous ensemble, quelle que soit notre filière. Nous devons notre réussite au collectif. Encore aujourd’hui, 10 ans après, c’est toujours le cas. Nous sommes toujours aussi proches, se réjouissant de la réussite des uns et des autres et des beaux évènements que nous offre la vie. L’université a mis ainsi sur ma route des personnes qui sont devenues des amis aujourd’hui voire même une famille amicale.

J’ai un souvenir en particulier à vous faire partager. En master 2, avec l’association JURISENTREPRISE dont j’étais la présidente, nous avons organisé la 2ème édition du concours de plaidoirie dont la finale se tenait au palais de justice. Avec Marion, mon binôme durant toutes ces années à la fac et accessoirement vice-présidente de l’association, et Jérémy, responsable du concours, nous avions écrit un dossier de presse pour présenter le concours et pour que le relai soit fait dans la presse. Je me suis dit qui ne tente rien n’a rien et j’ai envoyé le dossier de presse à qui voulait bien le lire. Nous avons obtenu une demi-page dans le Dauphiné Libéré. C’était déjà super et le jour de la finale, France 3 a débarqué pour faire un reportage. C’est un peu le résumé de nos années de fac en disant “sur un malentendu ça peut marcher, on tente, on verra bien”.

 

Un conseil pour les jeunes qui veulent se lancer ?

Lorsque j’ai réussi le concours de la fonction publique, j’ai rédigé un post sur les réseaux professionnels. C’était l’aboutissement d’un processus et j'ai conclu en disant “On en revient toujours à nos premiers amours et un parcours professionnel n’est jamais linéaire. Vos expériences et votre singularité font vos forces”.

J’essaie à mon niveau, surtout en droit, d’inculquer à mes étudiants que, même si on est dans un système qui nous met dans des cases, il faut réussir à se distinguer pour se faire remarquer sur le marché du travail. Il existe plein de chemins dans un parcours professionnel pour arriver à un même point.

C’est aussi à l’étudiant de créer son propre chemin parce que cette période d’exploration est importante dans sa construction. Ce n'est pas toujours facile, il y a des risques, mais l’arrivée est d'autant plus belle. Ce n’est pas grave d’être différent, au contraire, peut-être que vous réussirez mieux.

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