Interview alumni : Oscar ANDRE, ingénieur en conception mécanique chez Rio Tinto.

Diplômé en 2023 de Polytech Chambéry, Oscar ANDRE conçoit aujourd’hui des équipements pour un projet d’envergure : réduire les émissions de carbone dans l’industrie de l’aluminium. Au sein de la branche française du groupe minier Rio Tinto, il collabore avec ELYSIS sur une technologie de rupture. Il nous raconte son quotidien d’ingénieur, les défis techniques auxquels il fait face et les apprentissages qui jalonnent son parcours.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Oscar ANDRE, je suis diplômé en ingénierie des matériaux composites depuis 2023, à l'USMB Polytech Chambéry. Aujourd'hui, je travaille en tant qu'ingénieur en conception mécanique en France pour la branche aluminium de Rio Tinto, une compagnie minière anglo-australienne. Je conçois des équipements pour l'exploitation de cuves d'électrolyse dans le cadre d'un projet innovant mené avec ELYSIS, qui vise à réduire les émissions de carbone dans l'industrie de l'aluminium.
En quoi consiste votre métier au quotidien ?
Je suis responsable de plusieurs lots d'équipements dans un projet de R&D. Je conçois des équipements mécaniques, allant de pièces simples comme des supports, jusqu’à des systèmes complexes nécessitant des analyses de risques ou des spécifications techniques détaillées.
Notre organisation est capable de faire à la fois de la R&D, de l’industrialisation et de la commercialisation de technologie. De ce fait, je contribue notamment à la partie industrialisation.
Mon travail commence souvent par un besoin technique émis par le client. Nous proposons alors des équipements en réponse, qui sont ensuite commentés, validés, ou retravaillés. Si l’équipement est complexe, je rédige une spécification technique destinée à nos fournisseurs. Les plans que je produis sont ensuite repris par l’ingénierie de détail du client.
Chaque mois, nous devons livrer une série de documents à notre client : plans, spécifications, etc. Par exemple, pour la date du 30 juin, nous avions produit 95% des documents attendus par le client. Nous fournissons également du support à distance ou via des missions sur site. Nous révisons les documents par la suite pour intégrer des demandes de modification ou pour mettre la documentation à jour, tel que le construit. Il est prévu que je réalise une de ces missions sur site très prochainement.
Quels sont les plus grands défis que vous rencontrez ?
Le projet est un vrai défi, car nous développons une technologie encore toute nouvelle.
Nous avançons pas à pas grâce à des démonstrateurs déjà construits ou en cours de développement, qui nous donnent des retours précieux des opérateurs sur les prototypes d’outillage.
L’une des difficultés majeures, c’est d’intégrer nos nouveaux équipements dans des espaces pensés pour d’anciennes technologies : on ne peut pas réaménager toute l’usine à chaque fois, il faut donc inventer des outils capables de s’adapter.
Un autre enjeu important, c’est le passage à grande échelle : même si nous testons d’abord sur une seule cuve, il faut déjà réfléchir à ce que donnerait la solution sur des centaines. C’est un équilibre constant entre innover et rester réaliste pour l’industrialisation.
Quelles sont les qualités pour être un bon ingénieur en conception mécanique?
Je dirais d'abord l'adaptabilité, comme dans beaucoup de métiers d'ingénieur. Il faut aussi être curieux. Je ne connaissais pas du tout l'industrie de l'aluminium avant d'arriver, mais j’ai appris en posant des questions, en lisant des spécifications...
Ensuite, il faut être rigoureux et à l'écoute de l'utilisateur final. Concevoir un équipement, ce n'est pas juste faire un plan : il faut penser à l'utilisation, au confort, à la sécurité, aux normes ISO, etc.
Vous avez eu un mentor à votre arrivée. Dans quel cadre cela s'est-il fait ?
Quand je suis arrivé chez Rio Tinto en tant que prestataire, un ingénieur plus expérimenté m'a pris sous son aile. Il partait bientôt à la retraite et m'a transmis un maximum de ses connaissances, notamment en chaudronnerie, un domaine que je ne connaissais pas. Cette formation m'a énormément apporté.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la conception mécanique?
Je ne fais jamais la même chose. Il y a toujours des choses à apprendre. Même des tâches qui paraissent simples, comme rédiger une spécification, peuvent révéler des problématiques techniques intéressantes, des impacts en chaîne sur d'autres équipements... J’apprends également à travailler en utilisant une méthodologie qui garantit la qualité de ce que nous livrons. C'est stimulant.
Quel a été votre parcours étudiant ?
Après un bac scientifique option Sciences de l’Ingénieur, je savais que la prépa classique n'était pas pour moi. J'ai donc choisi la prépa intégrée de Polytech. Je voulais déjà concevoir des objets, si possible dans le domaine du sport. J'ai fait plusieurs stages variés : en laboratoire, en start-up en R&D, en biomicrologie...
La start-up où je pensais décrocher un CDI a coulé, donc j'ai rebondi dans le consulting, un peu par hasard. Je ne pensais pas faire carrière dans l'aluminerie, mais j'ai accroché avec l'équipe et le sujet.
Quels souvenirs gardez-vous de votre formation à Polytech Chambéry ?
Ce que j'ai apprécié, c'est la camaraderie. On travaille ensemble, sans compétition. J'ai aussi appris des réflexes d'ingénierie utiles tous les jours : ne pas rester bloqué, trouver rapidement des solutions.
La formation m'a donné un bon bagage technique, notamment en modélisation 3D et calcul par éléments finis. Et surtout, j'ai appris à raisonner. On n'a pas toujours besoin d'un logiciel pour comprendre comment une poutre va réagir à une force !
Quels conseils donneriez-vous à un futur diplômé de Polytech ?
Faire des stages dans les domaines qu’on souhaite explorer. C'est la meilleure façon de valider ses choix... ou de les remettre en question. Il faut éviter les stages par défaut.
Et surtout : être curieux, rester impliqué dans ses choix. Ne pas attendre que les opportunités tombent du ciel. Un parcours, ça se construit activement.
